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Grégory Gazagne (Snap) : « Nous continuons à être très vigilants concernant les contenus mis en ligne sur notre plateforme »

Grégory Gazagne (Snap) : « Nous continuons à être très vigilants concernant les contenus mis en ligne sur notre plateforme »
Grégory Gazagne est à la tête de Snap en France puis le mois de janvier 2023.

INTERVIEW DU LUNDI. Après la mise en place du réglement européen « Digital Service Act », de la régulation des influenceurs ou encore de la problématique concernant la protection des mineurs, les réseaux sociaux s’amendent en temps réel. Parmi elles, Snapchat, première au classement ACPM de la fréquentation des sites et applications. Quelle est sa feuille de route en matière de protection des mineurs, de transparence et d’accompagement publicitaire ? Grégory Gazagne, magaging director France de Snap, est l’invité de la rédaction.

The Media Leader : Quel est votre bilan de l’année 2023 et votre feuille de route pour 2024 ?

Grégory Gazagne : En 2023 comme en 2024, nous continuerons à prioriser le divertissement et le bien être de notre communauté, notamment la protection de celle-ci afin qu’elle puisse se sentir en sécurité sur Snapchat tout en s’amusant. Selon notre communauté, Snapchat renforce leurs relations réelles et donne la priorité au contenu authentique plutôt qu’une mise en scène de sa propre vie. En 2024, nous prévoyons des expériences immersives et des campagnes créatives qui s’éloigneront du « trop parfait » pour se rapprocher du « naturel et réel » afin de susciter un véritable engagement.

Nous souhaitons continuer à créer des expériences en AR plus élaborées et poussées grâce à l’IA pour notre communauté, les marques mais aussi pour les institutions française et européenne grâce à notre studio de réalité augmentée basé à Paris.

Nous continuerons également à développer nos outils pour permettre aux annonceurs de s’associer plus facilement à la communauté de créateurs influents sur Snapchat.

The Media Leader : Snapchat a lancé son premier podcast « Café Filtre », quelle est votre ambition sur l’audio ?

G.G : La particularité de Snapchat est dans sa conception, créée pour être l’antidote aux réseaux sociaux. Les Snapchatters, créateurs et personnalités ne viennent pas sur notre plateforme pour la course aux likes et commentaires mais pour susciter un engagement avec leur communauté.

De par cette singularité, ajoutée à la forte communauté que nous avons en France, 27 millions d’utilisateurs actifs mensuels, nous voulions proposer un espace d’expression à nos créateurs et aux personnalités afin qu’ils puissent partager avec le plus grand nombre leurs histoires, leurs valeurs et la manière dont ils s’engagent auprès de leurs communautés. Cette première saison comporte une série de sept épisodes avec des profils très variés tels que Just Riadh, Pam Boy, le rédacteur en chef de GQ, Ysaora Thibus, Kimpembe ou encore Ahmed Sylla.

Nous fournissons aux parents des outils et des ressources supplémentaires pour s’assurer que leurs adolescents utilisent Snapchat en toute sécurité

Grégory Gazagne, magaging director France de Snap

The Media Leader : L’union européenne demande aux réseaux sociaux de mieux protéger les mineurs. Quelle est votre position sur ce sujet ? Quels sont les moyens mis en œuvre par Snapchat ?

G.G : Snapchat s’engage à toujours protéger sa communauté et notamment les plus jeunes. Nous fournissons aux parents des outils et des ressources supplémentaires pour s’assurer que leurs adolescents utilisent Snapchat en toute sécurité. En 2022, Snapchat a lancé le Centre Parental, un ensemble d’outils permettant aux parents de voir avec qui les adolescents parlent sur Snapchat, de signaler confidentiellement toute situation préoccupante et de définir des contrôles de contenus – tout cela peut ensuite encourager des conversations importantes sur la sécurité entre parents et adolescents.

Le Centre Parental permet aux parents d’avoir une vue sur les personnes avec lesquelles leurs adolescents passent du temps, tout en respectant leur vie privée.

Snapchat a récemment introduit des fonctionnalités étendues du Centre Parental pour donner aux parents encore plus de visibilité sur l’activité de leurs adolescents sur l’application, et leur permettre d’avoir des conversations productives sur la sécurité en ligne. Les parents pourront désormais consulter les paramètres de sécurité et de confidentialité de leurs enfants, dont la plupart sont réglés par défaut sur les normes les plus strictes, restreindre la capacité de My AI, le chatbot de Snapchat alimenté par l’IA, à répondre aux chats de leur adolescent. Cette fonctionnalité s’ajoute aux mesures de protection déjà intégrées à My AI, notamment des protections contre les réponses inappropriées ou nuisibles, des restrictions d’utilisation temporaires si les Snapchatters abusent du service à plusieurs reprises, et la prise en compte de l’âge par défaut. Enfin, pour les parents qui ne sont pas familiers avec Snapchat, Snapchat facilite l’accès au Centre Parental. Désormais, les parents peuvent accéder au Centre Parental directement depuis leur profil en appuyant sur l’icône Bitmoji de l’appareil photo, en recherchant des termes pertinents tels que sécurité, famille ou parent, et le Centre Parental apparaîtra, ou tout simplement en se rendant dans les paramètres, situés dans le coin supérieur droit du profil du parent.

L’objectif est d’aider les parents et les adolescents nouveaux sur Snapchat à trouver et à rejoindre facilement le Centre Parental.

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The Media Leader : Quel est l’avenir de l’AR studio de Paris et ses collaborations avec les entreprises ?

G.G : L’AR Studio va poursuivre sa mission qui est de sensibiliser au potentiel de la réalité augmentée et d’accroître son impact dans les secteurs de la culture, du divertissement et de l’éducation. Il s’agit uniquement de partenariats non commerciaux. En 2023 nous avons réalisé des projets de grande envergure comme L’Egypte Augmentée, une série d’expériences qui utilisaient la RA pour restaurer des oeuvres de la collection antiquités égyptiennes du Louvre, ou « 8 Mars, 8 Femmes » à l’occasion la Journée Internationale du Droit des Femmes qui faisait naître dans l’espace public 8 statues de femmes célèbres injustement ignorées dans l’espace urbain français.

Une tendance très intéressante que nous observons récemment est le glissement de la réalité augmentée depuis des usages personnels et ludiques vers des usages culturels, artistiques et éducatifs. La réalité augmentée apporte une toute nouvelle dimension quant à la façon dont le public aborde les œuvres culturelles. En cela, cette technologie peut aider les institutions culturelles et les artistes non seulement à atteindre de nouveaux publics, mais aussi à inventer de nouveaux outils de médiation culturelle immersifs et interactifs qui restent basés sur la matérialité des œuvres et donc sur le monde réel.

Pour les entreprises des secteurs culturels, artistiques et éducatifs en particulier, cette technologie permet donc d’enrichir et d’augmenter des œuvres existantes par des éléments numériques, autant que d’installer des œuvres 100% numériques dans un espace physique.

On peut s’appuyer sur la réalité augmentée pour répondre à de très nombreuses problématiques, qu’elles soient utilitaires (guider les visiteurs), éducatives (enrichir les dispositifs de médiation en 3D), ou encore pour offrir plus d’interactivité, de profondeur ou de contexte autour des œuvres. Elle élargit l’accès à la culture et au patrimoine.

De nombreuses marques ont compris que la réalité augmentée est un élément dans la décision d’achat

Grégory Gazagne

The Media Leader : Comment voyez-vous l’évolution de vos collaborations avec les marques ?

G.G : De nombreuses marques ont compris que la réalité augmentée est un élément dans la décision d’achat et c’est certainement l’une des évolutions les plus notables de nos collaborations avec les marques. C’est le cas pour de nombreuses industries comme l’automobile par exemple pour laquelle la part du digital dans le processus d’achat en amont de la visite en concession est très importante : quand une personne vient en concession, elle a déjà pris sa décision. Il est donc très important de venir en amont de cela. La réalité augmentée prépare à la vente en ligne en enrichissant l’expérience digitale.

On peut noter également, les expériences « Try on » qui se multiplient dans de nombreux domaines, qui permet d’essayer vêtements et accessoires.

The Media Leader : Sur le plan publicitaire, comment vous positionnez-vous par rapport à vos concurrents ?

G.G : Une récente étude menée par Snap et Publicis Media nous a permis d’estimer la couverture générée par des campagnes publicitaires complémentaires TV + Snapchat. Alors qu’un plan média n’incluant que la TV permet de toucher 67% des 25-34 ans et 79% des 35-49 ans, un plan incluant Snapchat permet de toucher équitablement ces deux cibles, à 75% chacune.

Par ailleurs, la réalité augmentée fait de Snapchat une messagerie hautement créative. C’est une énorme richesse pour les marques qui peuvent créer des expériences ludiques, immersives et utiles comme sur aucune autre plateforme. Au cours des dernières années, l’AR de Snapchat a évolué, passant d’un simple divertissement et d’une expression personnelle à une véritable utilité pour les consommateurs et les entreprises.

La réalité augmentée transforme l’expérience d’achat. 250 millions de personnes interagissent avec la RA sur Snapchat chaque jour – c’est un moyen engageant et immersif d’atteindre les consommateurs (Gen Z).

Aujourd’hui tous nos formats sont aussi pensés pour des objectifs de performance, même les formats initialement destinés au branding. On peut donc agir sur la brand awareness, la brand considération et booster les conversions.

En matière de campagnes d’influence, Snapchat a récemment dévoilé les Creator Collab Campaigns, une suite d’outils dévoilés pour permettre aux annonceurs de s’associer plus facilement à la communauté de créateurs influents sur la plateforme. Notre récente intégration à Kolsquare permet également aux marques et agences utilisant la plateforme d’accéder aux talents disponibles sur Snapchat, et de les intégrer plus facilement dans leurs campagnes de marketing d’influence.

Nous continuons à être très vigilants concernant les contenus mis en ligne sur notre plateforme

Grégory Gazagne

The Media Leader : Des activations spéciales sont-elles prévues pour les Jeux de Paris 2024 ?

G.G : Nous nous attendons à ce que les spécialistes du marketing sportif fassent passer l’engagement des supporters à la vitesse supérieure, les clubs et les marques adoptant pleinement des technologies plus immersives telles que la réalité augmentée, Bitmoji et la mode digitale. Cette année pourrait être l’année des premiers Jeux olympiques en réalité augmentée. Il n’est plus nécessaire d’être dans un stade ou même de regarder le match en direct pour être un fan de sport. Les amateurs de sport affirment qu’une grande partie de leur expérience se fait par l’intermédiaire de leur téléphone – en suivant les commentaires en ligne, des événements en direct ou en célébrant (et en partageant) avec d’autres personnes dans le monde entier – cela fait partie du jeu.

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The Media Leader : Les influenceurs sont désormais soumis à une régulation stricte. Quelle est la position de Snap à ce sujet ?

G.G : Depuis les mesures mises en place par la DGCCRF pour mieux contrôler le marketing d’influence, nous continuons à être très vigilants concernant les contenus mis en ligne sur notre plateforme et avons retiré la certification/ statut de Snap Star a quelques personnalités publiques sanctionnées par la DGCCRF. La certification se fait de manière casuistique et se fonde sur des critères quantitatifs et qualitatifs clefs. Une fois certifiée, nous formons et accompagnons la personnalité sur les bons usages de Snapchat.

Nos Snap stars, comme tout utilisateur, se doivent de respecter nos règles communautaires mais également des règles additionnelles dûes à leur statuts et impact. Celles-ci interdisent explicitement la promotion de produits dangereux, ou régulés, et demande à ce que toute communication commerciale soit divulguée. En cas de violation de nos règles communautaires, nous appliquons une réponse graduée : suppression du contenu, retrait de la certification, suppression/bannissement du compte selon la gravité de l’infraction.

Nous continuons d’éduquer nos Snap stars, afin de leur rappeler nos règles communautaires, les politiques spécifiques aux communications commerciales et les risques encourus.

En 2021, nous avons réalisé un audit de la plateforme en France et la certification de certains Snap Stars a été retirée. Tous les comptes Snapchat, y compris les comptes Snap Star, doivent se conformer aux Règles communautaires et aux Conditions d’utilisation de Snap, qui interdisent la promotion et l’utilisation de certains biens réglementés, les pratiques trompeuses, les activités illégales et plus encore. Les violations de nos règles communautaires et de nos Conditions d’utilisations entraînent la suppression du statut de Snap Star et peuvent entraîner la suppression du contenu, la suspension du compte ou sa suppression.

Snapchat s’est particulièrement engagé, aux côtés de l’ensemble de l’industrie, par ailleurs lors des débats parlementaires autour de la loi Influenceurs, adoptée en juin dernier, pour promouvoir une approche éthique et responsable du marketing d’influence.

Nous venons par ailleurs tout juste de lancer notre outil « sponsorisé », permettant à toute personnalité publique d’indiquer explicitement la nature commerciale de ses contenus. Des sessions d’information et d’éducation à cet outil sont prévus très prochainement.

Snapchat a accueilli très favorablement le nouveau règlement de l’Union européenne

Grégory Gazagne

The Media Leader : L’Union européenne a mis en place le DSA. Comment accueillez-vous ce nouveau règlement ?

G.G : Snapchat a accueilli très favorablement le nouveau règlement de l’Union européenne, le DSA (Digital Services Act). Notre engagement historique envers la vie privée, la sécurité, et la transparence est en parfaite cohérence avec les principes du DSA. Nous nous sommes engagés pleinement à en respecter les exigences.

Pour garantir la conformité, nous avons pris des mesures significatives, notamment en offrant aux utilisateurs de Snapchat de l’UE un meilleur contrôle sur le contenu présenté ou en mettant à jour notre publicité pour répondre aux normes du DSA.

Nous avons également nommé des responsables à la conformité, soulignant notre engagement à assurer la sécurité et la protection de la vie privée depuis la conception de nos plateformes. Fondamentalement, nous pensons que la réglementation ne peut se substituer aux entreprises qui font ce qu’il faut et assument la responsabilité de leurs produits et de leurs plateformes. C’est pourquoi nous avons toujours adopté une approche de sécurité et de protection de la vie privée dès la conception et pour nos fonctionnalités, et nous nous engageons à être une plateforme où les gens peuvent se connecter en toute sécurité, s’exprimer visuellement et s’amuser ensemble.

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