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Les mots creux

Les mots creux

L’ÉDITO de The Media Leader Dimanche du 30 juin 2024

J’ai raté un Grand Prix. Pas de Formule 1, ça jamais, depuis que la télévision française les diffuse en direct. C’était en 1992 sur TF1. Non, c’est un Grand Prix aux Cannes Lions qui a échappé à ma pauvre sagacité. Pour ma défense, je n’avais pas cette année contrairement aux précédentes, l’obligation de suivre à la shortlist près l’évolution du palmarès. Et j’en profite pour remercier The Media Leader car c’est une tâche particulièrement fastidieuse, notamment en raison du manque de bonne volonté des organisateurs dans la transmission des données. Mais passons et revenons-en à cet oubli. Il s’agit du Grand Prix dans la catégorie For Good dont vous pouvez aisément deviner qu’elle a été particulièrement disputée cette année. Je suis tombé dessus grâce à un post de Pierre Bellefleur, le patron de l’agence Strike, laquelle est plutôt for good et assez good, tout simplement.

C’est un film assez long dans lequel on voit toute une série de personnages sur leur lieu de travail, chez eux, dans des salles de sport ou au restaurant, écoutant un discours. Celui-ci est un beau texte sur la liberté, la démocratie et plus généralement l’avenir qui s’annonce serein. Il est prononcé en russe et l’on s’aperçoit à la fin qu’il s’agit de la première prise de parole de Vladimir Poutine après son accession à la présidence de la Russie, en 2000 (eh oui, déjà). C’est un spot réalisé pour le compte de Reporters sans Frontières par l’agence Innocean Berlin. Je partage ce coup de cœur, avant tout parce que la réalisation de ce film est parfaite. Les cadrages, les attitudes des personnages sont dans le plus pur style de la propagande de ce que l’on appelait pudiquement « les pays de l’Est » avant la chute du mur qui nous en séparait. Il y a quelque chose de cinématographique dans cette pub qui m’évoque un peu « Une journée particulière » d’Ettore Scola qui raconte un jour de fête sous Mussolini. Mais bien sûr, ce qui a valu la récompense à cette campagne, ce n’est pas la forme mais le fond. Les discours de soir de victoire sont souvent très beaux. Mais ils sont rarement écrits par ceux qui les prononcent. Qui bien – trop — souvent n’en croient pas un mot.

Retrouvez Frédéric Roy sur LinkedIn et dans The Media Leader Dimanche

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