|

Pour ses 40 ans, La Tribune entame une transformation numérique sans précédent

Pour ses 40 ans, La Tribune entame une transformation numérique sans précédent
Lucie Robequain, directrice des rédactions de La Tribune, donne les contours de cette modernisation ambitieuse et sur les collaborations stratégiques qui la soutiennent.

À l’aube de son 40e anniversaire, La Tribune, rachetée en 2023 par le groupe CMA CGM et après avoir lancé une édition papier La Tribune Dimanche, s’engage dans une transformation numérique sans précédent. De la personnalisation des contenus à l’intégration de l’intelligence artificielle, le titre économique cherche à se positionner à la pointe de l’innovation médiatique. Lucie Robequain, directrice des rédactions de La Tribune, donne les contours de ce virage ambitieux qui pourrait faire des émules au sein de CMA Media (RMC-BFM, La Provence…).

« Ma Tribune » : le virage de la personnalisation

Cette quête de personnalisation est au cœur de l’ambition de La Tribune : transformer l’expérience utilisateur avec le projet « Ma Tribune ». Ce projet, mis sur pied avec l’aide de Google et de son IA Gemini, vise à fournir aux lecteurs des contenus sur mesure, adaptés à leurs préférences, leur secteur d’activité, à leur emploi du temps et localisation. « Nous souhaitons décliner ce concept dans nos différents produits, en commençant naturellement par les newsletters », explique Lucie Robequain. Le lecteur pourra ainsi personnaliser son contenu, choisir entre un format texte ou audio, et adapter la durée de ses lectures ou écoutes à ses trajets quotidiens.

Cette personnalisation ne se limitera pas aux newsletters. Elle s’étendra aux notifications push et aux podcasts. « Nous voulons vraiment créer un “Netflix de l’information”, où l’écran s’adaptera chaque matin aux préférences des lecteurs », précise la patronne des rédactions.

Nous voulons vraiment créer un Netflix de l’information

IA et personnalisation : les nouveaux enjeux médiatiques

Si la personnalisation des newsletters est relativement simple à mettre en place, d’autres aspects du projet s’avèrent plus techniques. « Certaines fonctionnalités sont plus complexes, comme l’adaptation des push notifications ou l’intégration de contenus audio personnalisés. Cela nécessitera un travail technique approfondi », admet Lucie Robequain. Un site et une application remaniés devraient ainsi voir le jour d’ici fin 2025. Les articles seront accompagnés d’un chatbot pouvant répondre aux questions des lecteurs. Il s’appuiera sur les archives de La Tribune et sur des sources externes fiables, comme l’OCDE par exemple.

La Tribune travaille déjà avec des ingénieurs spécialisés dans l’IA pour développer ces fonctionnalités de personnalisation. Selon Lucie Robequain, les podcasts pourront être adaptés non seulement en termes de contenu, mais aussi de durée, afin de s’aligner avec les besoins de chaque utilisateur, pouvant ainsi durer de 2 à 5min.

Des podcasts sur mesure et un contenu évolutif

« Nous avons toujours eu cet esprit pionnier. La Tribune a été le premier média à proposer des articles lus en format audio », rappelle Lucie Robequain. Toutefois, contrairement au text-to-speech, La Tribune n’envisage pas d’intégrer immédiatement des voix de synthèse dans ses podcasts. « Pour l’instant, nous préférons utiliser des voix humaines, enregistrées par des membres de la rédaction », poursuit-elle. Mais l’ouverture à des solutions plus automatisées, comme les voix de synthèse, n’est pas exclue à long terme.

Synergies avec le groupe : un projet global

Outre les innovations en matière de personnalisation, La Tribune se prépare à renforcer ses synergies avec d’autres sociétés du groupe CMA CGM. Des discussions sont en cours pour collaborer avec les autres entités de CMA Media (Corse Matin, La Provence, RMC-BFM…), dans l’objectif de créer des produits communs. « Nous envisageons par exemple une newsletter qui proposerait à la fois des articles de La Tribune et des vidéos de BFMTV. Cela créerait une offre multimédia qui fonctionnerait bien sur les réseaux sociaux », souligne Lucie Robequain.

Nous avons la chance d’avoir un actionnaire avec une grande ambition pour La Tribune

Ces synergies ne s’arrêtent pas là. Le groupe qui avait injecté 7 millions d’euros dans le titre en début d’année pour embaucher 45 journalistes, souhaite investir massivement dans le numérique et l’IA. Lucie Robequain ajoute : « Nous avons la chance d’avoir un actionnaire avec une grande ambition pour La Tribune. Il investit dans la transformation numérique pour nous positionner en leader de l’innovation dans le secteur de la presse. »

Un modèle économique à repenser

La transformation numérique de La Tribune s’accompagne naturellement d’une réflexion sur son modèle économique. À ce jour, l’offre d’abonnement reste relativement abordable (9€/mois ou 99€/an), mais la montée en gamme des services devrait ouvrir la voie à une valorisation plus poussée des abonnements. Si le titre économique a vu son nombre d’abonnés multiplier par deux en un an, Lucie Robequain, souhaite accélérer sur le recrutement et : « monétiser de (nouveaux) produits comme les rapports personnalisés, qui peuvent être d’une grande valeur pour les professionnels et les entreprises. »

Nous voulons embarquer la rédaction dans cette révolution

L’idée est de proposer une gamme d’abonnements plus étoffée, avec des services premium pour les abonnés désireux d’accéder à « des contenus exclusifs et à haute valeur ajoutée ». Ce modèle s’inspire de celui utilisé par d’autres grands titres de la presse économique, comme Les Échos (ancienne Maison de Lucie Robequain), où des abonnements premium sont facturés à des tarifs plus élevés, en contrepartie de services spécialisés.

Hormis l’arrivée de nouvelles offres d’abonnements pour financer ces nouveaux formats, ces derniers pourraient également se monétiser avec le soutien d’un sponsor.

L’intelligence artificielle au service de la rédaction

L’IA est également intégrée au cœur de la rédaction, pour assister les journalistes dans leurs tâches quotidiennes. « Nous voulons embarquer la rédaction dans cette révolution », affirme la directrice des rédactions. L’IA permettra, par exemple, de traiter rapidement de grandes quantités de données ou de générer des résumés, libérant ainsi du temps pour des enquêtes et des reportages à plus forte valeur ajoutée.

En parallèle, La Tribune souhaite développer davantage de projets liés au data journalisme, un domaine stratégique pour un journal économique. « L’IA pourrait également nous aider à produire des infographies ou à optimiser notre référencement sur les moteurs de recherche », conclut-elle.

La newsletter

Toute l'actualité des médias et de la publicité chaque jour

S'inscrire gratuitement
Newsletter
Adwanted Inscription